Situation épidémiologique du Cameroun

Notification de la TB au Cameroun

L’incidence estimée de la tuberculose au Cameroun tend à diminuer. Elle est passée de 271 pour 100 000 habitants en 2009 à 186 pour 100 000 habitants en 2018. Le pourcentage moyen de diminution est d’environ 4,5% au cours des dix dernières années.

En même temps, on constate une baisse progressive des taux de notification qui sont passés de 124 pour 100,000 habitants en 2009 à 95,5 pour 100,000 habitants en 2018 pour l’ensemble des cas de TB du Cameroun. Ceci représente une diminution de 2,9% pour l’ensemble des cas de TB.

On observe une sous-notification des cas de TB au niveau national comparée aux estimations de l’OMS car le pays notifie environ 50 pour cent des cas attendus.

Les difficultés d’accès aux services (barrière géographique et financière), la pauvreté, le manque d’éducation et la déperdition des patients entre les services (laboratoires, clinique et suivi) semblent constituer les facteurs qui entretiennent la sous-notification des cas. La stratégie de recherche active des cas auprès des présumés tuberculeux à toutes les portes d’entrée des CDTs et auprès de la communauté a été initiée seulement dans deux villes du pays ; elle pourrait aider à combler ce gap.

 

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Graphique 1 : Tendance des taux de notification des cas et notification, 2000-2017

Les tendances des taux de notification dans le temps montrent une tendance légèrement décroissante dans toutes les régions à l’exception de la région de l’Est qui a vu une augmentation de 33,6% de son taux de notification à partir de 2014. Cette augmentation assez soudaine dans la région de l’Est pourrait être liée à un afflux de populations provenant d’un pays frontalier de la région de l’Est qui a connu des perturbations durant cette période. La région du littoral a connu une réduction relativement importante du taux de notification entre 2013 et 2014. Les régions du Sud-ouest et du Nord-ouest ont enregistré également une baisse de notification depuis l’année 2016. Cette baisse est due probablement aux troubles sociopolitiques qui sévissent dans ces zones. (Figures représentant en zoom les villes Yaoundé-Douala évoquées à côté de la carte)

La majorité des cas de tuberculose sont concentrés à Douala, Yaoundé et dans l’Extrême Nord qui ensemble représentent 45% de tous les cas notifiés au Cameroun en 2018 (Figure 1).

 

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Figure1: Taux de notification de la tuberculose par région, 2018

 

Tuberculose et sexe

En 2018, parmi les cas de tuberculose notifiés, 14 278 cas étaient du sexe masculin et 9478 cas du sexe féminin. Ceci représente un sexe ratio h/f de 1,5 pour l’ensemble du pays. Ce sex-ratio en faveur des hommes est observé dans toutes les régions et varie de 1,3 pour le Sud-ouest à 2 pour le Nord (Graphique 2)

 

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Graphique 2: Sexe ratio par région, 2018

 

Tuberculose par groupe d’âges

 

La répartition par groupe d’âges des cas de tuberculose notifiés en 2018 montre que 64% des cas avaient entre 15 et 45 ans ; ce qui traduit une transmission très intense de la tuberculose au sein de la population.  Les personnes plus touchées représentent la force productive et économique du pays.

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Graphique 3 : Répartition par tranches d’âge des cas de Tuberculose au Cameroun, 2018

 

Tuberculose et groupes vulnérables

En 2018, le pays a notifié une proportion de 5,5% de cas de tuberculose chez les enfants par rapport à l’ensemble des cas nationaux ; ce qui constitue une grande faiblesse parce que la proportion estimée de cas à notifier chez les enfants devrait être de l’ordre de 10 à 12%.

En 2018, 105 cas de TB ont été notifiés dans 34 prisons sur les 77 prisons du pays. Les campagnes de dépistage menées au cours du premier semestre de 2019 dans quatre (4) GTR (Est, Littoral, Nord, Ouest) ont permis de diagnostiquer 40 cas par TB-LAMP/GeneXpert sur 2256 testés.

Il existe plusieurs camps de réfugiés répartis à l’Est et dans les régions septentrionales du pays. La prise en charge se fait par des campagnes de dépistage de masse au sein des camps. En 2018, 26 cas ont été diagnostiqués à Gado sur 362 présumés. En 2019, 23 cas de TB ont été notifiés sur 997 présumés au niveau des autres camps.

 

TB/VIH

La prévalence du VIH dans la population générale est de 3.6 % (CAMPHIA, 2018) dans la population générale. Le dépistage du VIH chez les malades tuberculeux se fait en routine dans l’ensemble des CDTs. En 2018, 95% des tuberculeux ont été testés pour le VIH, 29% du total des cas étaient VIH+, ce qui place le Cameroun parmi les pays à forte prévalence de co infection TB-VIH. Celle-ci est restée stable au cours des dernières années, ce qui peut être associé à la persistance de l’épidémie du VIH dans le pays.

On observe une répartition très inégale de la co-infection entre les régions. Les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest rapportent les taux les plus élevés de co-infection tandis que l’Extrême-nord relève le taux le plus faible.

La létalité liée au VIH est le double par rapport à celle observée chez les tuberculeux n’ayant pas le VIH, elle est de 14% contre 6% (cohorte 2018).

 

TB-MR

Le rapport mondial sur la tuberculose de l’OMS 2018 estime à 680 (360-990) le nombre total des cas de TBMR pour le Cameroun pour l’année 2017. Pour l’instant, la surveillance de la multi résistance est progressivement mise en place parmi certaines catégories de malades notamment les PVVIH, les Prisonniers, les cas de retraitement et les personnes contacts des patients TB-MR. Une enquête de résistance a récemment été menée au Cameroun concernant les nouveaux cas de Tuberculose bactériologiquement confirmés. Elle a révélé que 1,6% de nouveaux cas ont la TB-MR. Par contre, l’estimation chez les personnes déjà traitées pour la TB se situe autour de 14% (10-18). On constate qu’il  y a un gap important à deux niveaux : entre le nombre de cas estimés et le nombre de cas diagnostiqués (26% en 2018) (voir Graphique 4) et aussi entre le nombre de cas diagnostiqués et ceux mis sous traitement.

Il existe 11 centres de traitement fonctionnels de la TB RR au Cameroun.

 

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Graphique 4: TB pharmaco-résistante au cours des cinq dernières années, Cameroun, 2014-2018

 

Résultats de traitement de la TB sensible (toutes formes : nouveaux cas et rechutes) 

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Graphique 5 : Tendance du taux de succès thérapeutique au cours des dernières années

 

Le succès thérapeutique a connu une certaine croissance partant de 77% en 2010 pour atteindre 84% en 2014 et est resté stationnaire jusqu’en 2017 autour de 84%. Ce succès thérapeutique n’a jamais atteint la barre de 87% tel que prévu dans le PSN 2015 – 2019 ni ne satisfait la norme de l’OMS qui est d’au moins 90%. Il est à noter que la proportion de perdue de vu a significativement régressé passant de 10% en 2010 à 6% en 2018. Toutefois, cette proportion de 6% en 2018 demeure encore assez élevée. La proportion de malades non évalués a connu aussi une faible régression passant de 4% en 2010 à 3% en 2018. La proportion des décès est restée stationnaire à 6% durant toute la période. Ces trois issues thérapeutiques défavorables (Perdus de vue, décès et non évalués) tendent à saper les éventuels progrès du taux de succès thérapeutique ;  par conséquent, elles méritent des actions correctrices immédiates et efficaces. Il est à noter aussi que la région de l’Est et celle du Littoral sont à la traîne pour le succès thérapeutique avec une proportion d’environ 80%.